TRIBUNE LIBRE: CAGA
Le maire et ses poules:
Il était une fois un maire qui, à force de compter des sous et des saouls, n’avait plus qu’une idée en tête : «se faire la fête». La fameuse Pentecôte, fille de joie qui draine dans sa ville une horde de gens heureux.
« Vous vous rendez-compte, ils viennent rire, boire, danser, chanter et même pleurer dans cet espace de liberté. Ils font pipi-caca partout, se garent n’importe où, quelle honte !»
Devant ce succès envahissant et couteux, il pensait que sa cité n’avait plus les moyens d’entretenir cette poule de luxe et son joyeux bordel. Donc la chose était entendue, il l’aurait !
Le malheur, dans sa funeste entreprise est que cette poule de luxe est aussi pour certains, poule aux œufs d’or. Alors de grandes questions métaphysiques se posèrent à l’homme politique : « Comment saigner la poule de luxe sans plumer la poule aux œufs d’or ? »
Devant ce cruel dilemme, il préféra s’en remettre à tous par votation machiavélique. Quand l’automne fut venu le conseil municipal, avec mansuétude, décréta : la suspension par mort lente. (Ndlc : sadique !)
Morale
Vive la poule au pot et chacun chez soi !
La Pentecôte et ses amoureux
Sauf votre respect Mr le Maire, les amoureux de Pentecôte natifs ou non de Vic, peuvent-ils parler de ce brin d’âme cause de tous vos soucis ?
Vénérable Pentecôte, reine de fête, tu règnes pendant trois jours sur un royaume d’excès. Tu sèmes en nous des choses qui ne s’achètent pas mais se vivent : des valeurs universelles d’amitié, de convivialité, de partage.
Ton règne éphémère de retrouvailles a toujours été le bouc émissaire de la société alors qu’il n’est que son reflet, son exutoire, sa recréation.
Ce royaume où hommes et femmes, de toute caste, toute corporation ou origine, chantent, dansent, rient, se saoulent ensemble (mais sans obligation !).
De tout temps, de carnavals en ferias, le pouvoir a toujours su tolérer ces moments de défoulements collectifs.
Souvenez-vous des réunions houleuses d’après Pentecôte 1971. Devant le déferlement de chevelus, un acariâtre local prôna de parquer tous ces hippies dans les bois environnants. Ironie de l’histoire, sans le savoir il venait d’inventer avec vingt ans d’avance, le concept de « raves party ». (Hil de pute !)
Sachez que moi, enfant de Vic, comme la plus part de ceux qui y sont nés, restés ou exilés, sommes fiers de cette fête forgée de génération en génération. Son état d’esprit fait de rire, de dérision, de don de soi pour l’utile et l’inutile, nous anime. Nos rêves sont peuplés de maisons bleues dont on a perdu la clé.
Pour illustrer citons la bodega des filles, sévillanes de l’esprit vicois aux costumes de lumières. Une main aficionada aux arènes, l’autre à servir des godets à la horde ; un talon rouge à battre le tempo de la caste, l’autre au « passa-calle ». Tout ceci fait avec humour, amour et élégance, pour le bonheur de tous, pour le plaisir de chacun.
Vive Pentecôte ! Ses acteurs ! Ses humbles serviteurs.
Mr le Maire, c’est cela faire la fête, c’est cela avant tout Pentecôte à Vic.
Caga
(Enfant de Vic, travailleur émigré, fanfaron du Piston Circus)